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Inditex et Next rejettent un accord sans précédent qui améliore les conditions des travailleurs cambodgiens de l'habillement

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22 juillet, 2025Après des années de négociations et d'efforts collectifs, les enseignes mondiales du vêtement Inditex et Next refusent toujours de signer un accord historique qui favoriserait une négociation collective améliorant les salaires et les conditions des travailleurs cambodgiens du vêtement, alors qu'elles ont contribué au lancement de l'initiative et s'étaient engagées publiquement pour des pratiques responsables. 

Les Accords cambodgiens comportent un mécanisme juridiquement contraignant par lequel les marques souscriraient à un modèle de convention collective (CC) normalisé conçu par les partenaires sociaux. Ce document-type préconise une amélioration des rémunérations et des conditions de travail et une stabilisation des chaînes d'approvisionnement. Deux grandes enseignes mondiales ont déjà signé et IndustriALL Global Union poursuit ses contacts avec d'autres entreprises se fournissant au Cambodge.

Fruit d'années de collaboration entre des grandes enseignes, des employeurs, IndustriALL et ses affiliés cambodgiens, cet accord prescrit une CC sans précédent dans le secteur du textile, de l'habillement, de la chaussure et du cuir. Il offre une solution viable aux défis que connaît depuis longtemps l'industrie, en particulier une difficulté persistante à augmenter les salaires sans compromettre la compétitivité.

Malgré le rôle-clé qu'ils ont joué dans la mise au point de l'accord, Inditex et Next ne se sont toujours pas engagés à le signer. IndustriALL n'a cessé de solliciter les deux marques et continue de les exhorter à soutenir cette initiative révolutionnaire.

À l'assemblée générale du 15 mai 2025, le directeur de campagne d'IndustriALL, Walton Pantland, s'est adressé aux actionnaires en remettant en question le refus de la direction :

"Les bas salaires restent un défi systémique dans l'industrie de l'habillement qu'aggrave une concurrence féroce. Aucune enseigne, aucun accord ne peut s'y attaquer seul. Une stratégie salariale durable et efficace doit associer toutes les parties prenantes : marques, employeurs et travailleurs."

Next n'a pas réagi sur le fond, se contentant de faire savoir qu'elle ne "pouvait pas s'engager" pour l'Accord cambodgien. Sa position a une nouvelle fois été remise en question lorsque, interrogé une autre fois par ses actionnaires sur les salaires de subsistance pratiqués dans ses magasins au Royaume-Uni, le P-DG de Next a affirmé que son personnel, en majorité féminin, "n'avait pas besoin d'un salaire de subsistance" puisque les maris étaient leurs soutiens de famille.

À l'assemblée générale d'Inditex, Yot Seang, s'exprimant au nom de la Coalition du syndicat démocratique des travailleurs cambodgiens du vêtement et du Comité syndical mondial d'Inditex, s'est dit lui aussi préoccupé :

"Plusieurs investisseurs ont exprimé leur intérêt pour l'accord contraignant ACT et demandé à IndustriALL pourquoi Inditex refuse de signer. Ils craignent qu'Inditex contribue à creuser les inégalités au Cambodge. Comment Inditex justifie-t-elle son refus de signer l'accord ACT alors qu'elle prône officiellement la liberté syndicale, la négociation collective et des salaires équitables et met en avant son accord-cadre mondial (ACM) avec IndustriALL ?"

Inditex a réitéré son soutien de principe à la négociation collective et a souligné l'importance des conventions sectorielles, mettant en avant sa participation à l'initiative ACT et son accord-cadre mondial avec IndustriALL. Or, l'accord ACT au Cambodge est précisément l'outil nécessaire pour que ces engagements soient suivis d'effets, ce qui vide la réponse de l'entreprise de toute substance.

Dans son intervention, Yot Seang a écrit :

"Du fait du refus d'Inditex de signer, les travailleurs de votre chaîne d'approvisionnement ne bénéficieront pas des avantages de l'accord contraignant. En ne signant pas, Inditex semble avoir décidé sciemment de priver ces travailleurs de salaires décents et de meilleures prestations."

La CC-type pour le Cambodge ne se limite pas à des revalorisations salariales; elle prévoit un allongement du congé maternel, introduit un congé paternel, préconise des mécanismes de règlement des litiges, promeut des relations de travail paisibles et favorise le perfectionnement des compétences.

Ces dispositions profitent directement à une main-d’œuvre de l'habillement majoritairement féminine au Cambodge et contribuent à des pratiques professionnelles durables.

Le secrétaire général d'IndustriALL, Atle Høie, a ajouté :

"Il faut que les entreprises rendent des comptes sur les engagements qu'elles ont pris, en particulier pour ce qui est des ACM. Le fait de participer à des négociations laborieuses pour s'en retirer à la fin va à l'encontre des ambitions qu'elles affichent.

Les actes en disent plus que les mots. Les investisseurs devraient s'intéresser de plus près à l'écart entre ce que ces entreprises disent et ce qu'elles font."

Malgré le refus d'Inditex et de Next, beaucoup de grandes marques ont signé l'Accord cambodgien, qui a déjà permis la syndicalisation de plusieurs usines et la signature de conventions collectives améliorant les salaires et les conditions.

IndustriALL et ses affiliés sont déterminés à étendre la couverture de l'accord et faire en sorte que les travailleurs cambodgiens de l'habillement obtiennent le traitement équitable qu'ils méritent.

Crédit photographique : CROYDON, UK - 30 janvier 2010 : Des clients entrent dans le centre commercial Centrale de North End Croydon, abritant Next, Zara et House of Fraser. Les bâtiments historiques situés en face se reflètent dans sa façade en verre. (Shutterstock: 1605042535)