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La Turquie interdit une grève des mineurs par un décret présidentiel de dernière minute

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31 juillet, 2025Le gouvernement turc a interdit une grève, pourtant légale, des mineurs à l'entreprise d'État Eti Maden par un décret présidentiel adopté à la hâte et qui met fin aux préparatifs de cette action du travail quelques heures à peine avant son lancement. 

Cette grève, prévue pour le 1er août 2025 et organisée par notre affilié Maden-İş, est reportée de 60 jours par le décret présidentiel n° 10150, signé par le Président Recep Tayyip Erdogan le 20 juillet et publié au Journal officiel. Le décret accuse la grève de constituer une menace pour la sécurité nationale.

"Il est absolument inacceptable qu'une autre grève soit interdite une nouvelle fois en Turquie de la même manière, alors que l'OIT a critiqué à plusieurs reprises cette pratique du gouvernement turc,"

a déclaré le secrétaire général adjoint d'IndustriALL Kemal Özkan.

"Nous sommes totalement solidaires des mineurs turcs dans leur combat juste pour des revendications équitables et légitimes."

Bien que le décret parle officiellement d'un "report", il s'agit en réalité d'une interdiction. En droit du travail turc, à l'expiration d'un délai de 60 jours sans issue, le litige est automatiquement soumis à un arbitrage obligatoire, une procédure qui court-circuite le droit des travailleurs de faire grève et impose un règlement contraignant sans plus de négociation.

Plus de 600.000 travailleurs du secteur public négocient une nouvelle convention collective depuis plus de sept mois. La proposition du gouvernement d'augmenter les salaires de 24 pour cent pour le premier semestre 2025, de 11 pour cent pour le second, puis de 10 et 6 pour cent en 2026, a été rejetée par Maden-İş et la centrale nationale Türk-İş comme insuffisante devant le taux élevé de l'inflation en Turquie.

Le gouvernement turc utilise à de multiples reprises les "reports" de grèves dans des secteurs clés, ce qui lui vaut des critiques sur la scène internationale, notamment de l'Organisation internationale du travail (OIT) qui juge qu'il sape ainsi la liberté syndicale et le droit de négocier collectivement, protégés par ses conventions 87 et 98.

IndustriALL Global Union condamne cette attaque contre les droits syndicaux et appelle le gouvernement turc à révoquer le décret, respecter les normes internationales et entamer des négociations de bonne foi.