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La vie des travailleurs détruit par le travail précaire dans l’industrie pétrolière et gazière au Nigeria

27 septembre, 2018Le travail contractuel et la précarisation de l’industrie pétrolière et gazière ont de graves conséquences sur les syndicats et la vie des travailleurs au Nigeria, le plus grand pays africain producteur de pétrole, selon les affiliés à IndustriALL Global Union.  

Quelque 25 représentants des affiliés à IndustriALL, le syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz naturel (National Union of Petroleum & Natural Gas Workers - NUPENG) et le syndicat Petroleum & Natural Gas Senior Staff Association of Nigeria (PENGASSAN), se sont réunis, les 19 et 20 septembre 2018, dans la ville méridionale de Port-Harcourt, pour participer à un atelier sur le pétrole et le gaz.

Les témoignages des membres du NUPENG et du PENGASSAN, qui représentent respectivement les travailleurs manuels et les employés de bureau, ont révélé à quel point le travail précaire dans le secteur affaiblit les syndicats et conduit à un cercle vicieux de la pauvreté. Les participants à la réunion provenaient de différentes entreprises dont Total, Shell, Indorama, la compagnie pétrolière nigériane Agip, Plant Geria et Halliburton.

Alors que tous les membres du NUPENG sont des travailleurs contractuels, PENGASSAN a fait savoir que certains emplois auparavant permanents s’étaient précarisés sans pour autant que les tâches aient changé. Les participants ont également mentionné qu’il arrivait que des travailleurs soient licenciés puis immédiatement réembauchés aux mêmes postes sans toutefois continuer de bénéficier d’une assurance maladie, d’une assurance vie ou d’indemnités de licenciement. 

Alors que les participants ont signalé que la disparité des conditions de travail entre le personnel permanent et les travailleurs contractuels dans l’industrie était énorme, les syndicats ont convenu que davantage d’efforts devaient être faits pour réduire cet écart. Ainsi, un travailleur contractuel peut toucher environ 280 US$ par mois pour accomplir les mêmes tâches qu’un travailleur permanent, qui gagne environ 2,000 US$ (voire plus) par mois.

En outre, les compagnies pétrolières utilisent le travail précaire pour détruire les syndicats. Souvent, les travailleurs contractuels comprennent leur faible chance d’être réembauchés une fois syndiqués tandis que les employés de bureau syndiqués s’aperçoivent qu’ils ne bénéficient pas des mêmes opportunités de formation ou de promotion. 

Les syndicats affirment également que les travailleurs nigérians ne jouissent pas des mêmes possibilités de formation que les travailleurs étrangers, et que les expatriés sont embauchés à des postes qui peuvent être facilement occupés par les travailleurs nigérians.

La stagnation des salaires est un autre problème préoccupant. Selon le NUPENG, les salaires n’ont pas augmenté depuis 2014, voire depuis plus longtemps dans certains cas.  

Les conditions de santé et sécurité sont un problème permanent. Les syndicats s’accordent sur la nécessité d’aider les travailleurs à mieux connaître leurs droits, notamment dans ces domaines. 

Industry 4.0 a des répercussions négatives sur l’industrie. Un comptable, membre du syndicat PENGASSAN, a, par exemple, indiqué qu’un robot effectuait désormais une partie de ses tâches dans son entreprise. L’automatisation est également utilisée pour remplacer certains emplois dans le secteur des lubrifiants, comme l’étiquetage et le remplissage des bidons.

Vassey Larston, un technicien de laboratoire et représentant syndical à Shell, ayant participé à l’atelier au nom du Syndicat des métallos (United Steelworkers - USA), s’est dit scandalisé par la disparité salariale entre les travailleurs de Shell aux USA et les travailleurs de Shell au Nigeria. La veille de la réunion, Vassey faisait partie du groupe venu rencontrer les travailleurs de la raffinerie Shell située à Port Harcourt, qui comprenait une visite des logements précaires des travailleurs. 

La réunion a également été l’occasion de discuter du rapport de Charles Egwabor, un juriste de Port Harcourt, qui montre que le niveau élevé de chômage au Nigeria facilite la précarisation du marché du travail, laquelle aggrave, à son tour, la pauvreté dans le pays. 

La Directrice d’IndustriALL pour l’énergie, Diana Junquera Curiel, a déclaré:

« Cet atelier a été vraiment utile grâce aux informations de première main qui ont été fournies sur les problèmes et les défis auxquels sont confrontés les syndicats au Nigeria. Nous saluons nos affiliés qui luttent contre le travail précaire ainsi que les autres problèmes que connaît l’industrie, et nous continuerons de les soutenir dans leur campagne en faveur du travail décent dans le secteur pétrolier et gazier ».