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Le Nigeria ratifie la convention 190 après des campagnes syndicales soutenues

6 octobre, 2022Le Nigeria est le dernier pays africain en date à ratifier la convention 190 de l'OIT qui a pour but d'éradiquer la violence et le harcèlement dans le monde du travail. Cette ratification fait suite à des campagnes soutenues et des efforts concertés, ainsi qu'à un dialogue social avec des syndicats, des organisations de la société civile et des groupes de soutien aux travailleurs.

Le 30 septembre, le gouvernement fédéral du Nigeria a annoncé que le président Muhammadu Buhari a signé les instruments de ratification et que le gouvernement est déterminé à renforcer l'arsenal législatif pour endiguer la violence et le harcèlement basés sur le genre (VHBG) au travail.

Un rapport du Nigeria Labour Congress (NLC), dont sont membres certains affiliés d'IndustriALL Global Union, et du Centre de solidarité explique que la VHBG est présente dans la plupart des lieux de travail et n'est pas suffisamment signalée en raison de la stigmatisation et d'autres normes sociales. Elle est aggravée par une application déficiente de la loi et des politiques sur les lieux de travail.

D'après le rapport, cela génère un environnement imprégné de normes de genre discriminatoires, comme le montrent le tripotage et le harcèlement sexuel exercés par les contremaîtres, très répandus sur les lieux de travail, et qui ont souvent pour effet que les femmes partent au travail avec la peur au ventre.

 

"Nous avons fait campagne pour la ratification de la convention 190 par des réunions et des manifestations. Notre message était essentiellement que, si le pays veut vraiment mettre fin à la VHBG, le gouvernement fédéral du Nigeria doit ratifier la convention,"

dit Oluchi Amaogu, la secrétaire du comité intérimaire des femmes pour la région de l'Afrique subsaharienne du Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz naturel.

Pour les syndicats, la ratification de la convention 190 renforcera l'élaboration de politiques du lieu de travail pour remédier à la discrimination et l'inégalité fondées sur le genre, améliorer les mécanismes de signalement et de confidentialité, et faire que les auteurs doivent rendre compte de leurs actes et soient poursuivis au titre de la législation applicable.

Les syndicats veulent que celles qui survivent à la VHBG aient des voies de recours, et que soient pris en compte les déséquilibres dans les rapports de forces et les facteurs de risque de la VHBG, tels que l'insécurité des transports publics sur le chemin du travail. Cela rendra les lieux de travail plus sûrs pour les travailleuses formelles, informelles et précaires. Les syndicats vont lancer des campagnes de sensibilisation à la convention 190, en particulier dans les lieux de travail où les hommes dominent, pour discuter de l'éradication des pratiques qui perpétuent la VHBG au travail.

Armelle Seby, la directrice d'IndustriALL en charge des questions de genre, souligne l'importance de cette convention en tant qu'outil pour stopper la VHBG :

"La ratification de la convention 190 constitue un pas important pour le Nigeria, mais l'application de la convention et de la recommandation 206 est essentielle pour rendre les lieux de travail plus sûrs pour les femmes. Cela nécessite des initiatives pour renforcer les capacités des syndicats dans le domaine de l'égalité de genre, et de s'attaquer à la VHBG par des actions et des campagnes de prévention."

Les autres pays africains ayant ratifié la convention sont la République centrafricaine, Maurice, la Namibie, la Somalie et l'Afrique du Sud.