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Les syndicats de Madagascar exigent justice pour un militant emprisonné

13 octobre, 2022Les syndicats de Madagascar appellent le Ministère de la Justice à libérer sans condition le syndicaliste Sento Chang, qui a été emprisonné sur base de fausses accusations.

Le 28 août, le tribunal d’Anosy, à Antananarivo, a condamné Sento à 12 mois de prison pour avoir publié sur les médias sociaux des informations sur les discussions que les syndicats ont eues avec la direction d’E-Toile S.A., un fabricant de textile et de confection où il était employé comme machiniste. Entre autres chefs d’accusation, Sento, qui est un représentant syndical, est accusé de violation de la confidentialité et d’avoir “agité les travailleurs”.

Les syndicats de Madagascar demandent au Ministère de la Justice de libérer sans condition le syndicaliste Sento Chang, qui a été emprisonné sur la base de fausses accusations.

Syndicalisme et Vie des Sociétés (SVS), affilié à IndustriALL, conteste ces propos et affirme que Sento “est une victime de harcèlement moral dont les droits à la liberté d’opinion, d’expression et d’association sont violés ainsi que ses droits en tant que représentant syndical.”

Dans sa publication, Sento a informé ses collègues de travail de diverses questions syndicales qui ont été discutées avec la direction. Il s’agissait notamment des élections syndicales, de la nécessité pour le comité de l’alimentation de faire part de ses préoccupations concernant la mauvaise qualité de la nourriture à la suite de rapports faisant état d’aliments périmés, de la formation des travailleurs sur le rôle de l’inspection du travail et du fait que l’employeur devait approuver et non refuser les droits des travailleurs aux vacances, aux jours de congé et aux congés de maladie, qui sont protégés par le droit du travail.

 

Le 8 octobre, SVS et IndustriALL ont rendu visite à Sento à la prison Maison Centrale Antimora d’Antananarivo, où il est incarcéré, et se sont brièvement entretenus avec lui.

“Ce message sur les médias sociaux n’a rien d’extraordinaire, si ce n’est qu’il s’agit de notre mode de communication habituel en tant que travailleurs et travailleuses. Mais j’ai été surpris par la réaction du service des ressources humaines, qui s’est dit déçu par ce message et m’a demandé de le supprimer, ce que j’ai fait. Cependant, ils ont ensuite porté plainte contre moi.

En tant que représentant syndical, j’ai écrit ce message peu après la réunion, car les travailleurs et travailleuses étaient impatients de connaître les résultats des discussions avec la direction, et les médias sociaux se sont avérés être le moyen le plus efficace de les atteindre,”

a confié Sento.

Lors d’une marche organisée pour commémorer la Journée mondiale pour le travail décent le 7 octobre à Antananarivo, les travailleurs et travailleuses ont brandi des banderoles en faveur de sa libération et ont scandé des slogans condamnant l’injustice dont il est victime. Ils ont affirmé que les employeurs étaient de connivence avec le système judiciaire pour violer les droits syndicaux.

“La condamnation de Sento pour de fausses accusations montre qu’E-Toile veut cacher la vérité sur les violations des droits des travailleurs dans ses usines. Nous faisons campagne contre cette injustice et ce dénigrement des syndicats et nous voulons qu’il soit libéré, car il est en prison pour avoir exercé des fonctions syndicales. Représenter les travailleurs en tant que dirigeant syndical n’est pas un crime,”

a martelé Ravonintsoa Malala, Président de SVS.

Atle Høie, Secrétaire général d’IndustriALL, a pour sa part déclaré :

“Nous sommes consternés par la condamnation et l’emprisonnement d’un syndicaliste pour avoir rendu compte à ses collègues de travail des discussions tenues lors d’une réunion avec la direction. C’est inacceptable et nous souhaitons rappeler à la direction d’E-Toile et au gouvernement de Madagascar qu’ils doivent respecter les normes nationales et internationales du travail en matière de liberté syndicale et de droits syndicaux. L’employeur et le gouvernement doivent s’engager dans un dialogue social avec les syndicats au lieu d’intimider les travailleurs et les travailleuses avec des accusations montées de toutes pièces et des emprisonnements.”