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19 septembre, 2025Dans le but de renforcer la négociation collective et de protéger les droits des travailleurs, les syndicats affiliés à IndustriALL du Botswana, de Côte d’Ivoire, de République démocratique du Congo, du Ghana, du Liberia, de Namibie, de Tanzanie, d’Afrique du Sud, de Zambie et du Zimbabwe se sont réunis à Dar es Salam du 10 au 12 septembre. L’atelier s’est concentré sur la revitalisation des réseaux syndicaux au sein des multinationales minières, notamment Glencore, Barrick Gold, AngloGold Ashanti et Valterra Platinum (anciennement dépendant d’Anglo American).
L’atelier a souligné la nécessité pour ces réseaux syndicaux d’adopter des objectifs unifiés, des plans structurés et des stratégies de communication améliorées, en tirant parti des réseaux sociaux et des outils d’intelligence artificielle pour amplifier les efforts de syndicalisation. Les principales priorités comprenaient la défense de la liberté syndicale, la négociation collective, la santé et la sécurité au travail ainsi que les salaires décents, tout en intégrant des cadres de diligence raisonnable en matière de droits humains. L’IRMA (Initiative pour une Certification responsable de l’Exploitation minière) a été citée comme référence en matière de pratiques minières responsables.
Un accent particulier a été mis sur l’égalité des sexes, les syndicats préconisant des mesures pour lutter contre la violence et le harcèlement sexistes auxquels sont confrontées les femmes travaillant dans les mines. Les propositions comprenaient la garantie de l’accès aux produits d’hygiène et la promotion d’une plus grande participation des femmes afin de démanteler les pratiques discriminatoires.
La responsabilité environnementale a également occupé une place importante, les délégués citant l’incident de la pollution du fleuve Kafue en Zambie, où des déchets acides chargés de métaux lourds provenant d’un déversement accidentel à la mine de cuivre de Sino-Metals Leach ont contaminé une source d’eau vitale pour des millions de personnes, rappelant de manière frappante la nécessité d’une surveillance gouvernementale stricte et du respect des normes environnementales mondiales.
Theodore Kamwimbi, chercheur à l’Université du Cap-Occidental, a présenté les conclusions du rapport d’IndustriALL intitulé Mapping Multinational Corporations in Mining in Sub-Saharan Africa (Cartographie des multinationales dans le secteur minier en Afrique subsaharienne). Il a notamment recommandé d’étendre les réseaux syndicaux aux entreprises minières de petite taille, d’élargir les négociations collectives aux travailleurs sous-traitants et de s’attaquer aux disparités salariales, en particulier en RDC, où les travailleurs expatriés gagnent souvent plus que les locaux. M. Kamwimbi a également appelé à lutter contre le travail des enfants dans les mines artisanales et à petite échelle, tout en s’efforçant de recenser et d’aider les femmes actives dans le secteur minier à s’adapter aux progrès technologiques et à l’automatisation.
Christian Denzin, Directeur pour la Tanzanie de la Fondation Friedrich Ebert, a décrit l’atelier comme une plateforme essentielle permettant aux syndicats régionaux d’échanger des stratégies et de promouvoir des pratiques durables dans le cadre multinational.
S’appuyant sur des précédents réussis tels que les réseaux ArcelorMittal, TK Elevator et Inditex, Patrick Correa, Directeur d’IndustriALL pour l’ingénierie mécanique et les métaux de base, a souligné l’importance d’impliquer les directions des multinationales afin de garantir la durabilité des réseaux mondiaux. Il a cité l’accord mondial sur la santé et la sécurité d’ArcelorMittal comme modèle de collaboration.
Glen Mpufane, Directeur d’IndustriALL pour les mines et le secteur diamantaire, a souligné la nécessité d’une solidarité internationale pour contrer l’influence des sociétés minières de stature mondiale disposant de ressources importantes :
“Les syndicats doivent mobiliser les travailleurs et tirer parti des réseaux des multinationales pour défendre efficacement les droits”,
citant les campagnes menées par les réseaux Anglo-American et Glencore comme exemples d’engagement efficace, notamment les manifestations contre les violations des droits des travailleurs chez Glencore.
L’atelier s’est conclu par la création de réseaux mondiaux pour les travailleurs de Barrick Gold et AngloGold Ashanti, qui seront coordonnés respectivement par le Syndicat tanzanien des mines, de l’énergie, de la construction et des secteurs connexes (TAMICO) et le Syndicat ghanéen des mineurs (GMWU).
Ces réseaux visent à compléter les activités syndicales nationales et s’inscrivent dans le cadre d’un projet plus large d’IndustriALL visant à renforcer le pouvoir des syndicats au sein des multinationales minières.