12 août, 2025Avec un secteur des énergies renouvelables en pleine expansion et des sources traditionnelles telles que le charbon qui continuent de croître, l’Inde se trouve actuellement à la croisée des chemins. Malgré sa forte dépendance au charbon, le pays a commencé à fermer des mines et à se tourner vers les énergies renouvelables dans le cadre de ses efforts pour atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2070. Dans ce contexte, il est essentiel de comprendre les préoccupations des travailleurs et travailleuses et de plaider en faveur de politiques centrées sur les travailleurs afin de garantir une transition juste.
IndustriALL, en collaboration avec l’APHEDA et le Centre pour une transition juste de la CSI, a mené des recherches du point de vue des syndicats de travailleurs afin d’élaborer des stratégies visant à protéger les droits des travailleurs pendant la transition énergétique du pays. Une réunion destinée à diffuser les résultats de l’étude sur la transition du secteur des mines de charbon s’est tenue les 25 et 26 juillet à Ranchi, tandis que la réunion sur l’étude des défis et des opportunités pour la syndicalisation dans le cadre des projets d’énergies renouvelables s’est tenue à Delhi les 28 et 29 juillet.
L’étude sur le secteur des énergies renouvelables souligne que, grâce à la baisse des coûts de production et au soutien croissant des pouvoirs publics, ce secteur devrait attirer de plus en plus d’investissements à l’avenir. L’Inde a déjà atteint son objectif national de 50 % d’électricité produite à partir de sources renouvelables. Mais ce secteur est caractérisé par des emplois temporaires mal rémunérés, des conditions de travail difficiles et un faible taux de syndicalisation. Le secteur des énergies renouvelables a créé plus de 1,3 million d’emplois, mais la majorité d’entre eux sont précaires.
Les travailleurs et travailleuses chargés de l’installation et de l’entretien des panneaux solaires sont exposés à la chaleur, les grands champs solaires étant dépourvus de toute ombre. Les problèmes de sécurité au travail, tels que les morsures de serpent et les chocs électriques, sont monnaie courante. Les travailleurs employés sur ces sites sont temporaires, embauchés par des agences de placement et payés des salaires de misère. Au Rajasthan, l’une des provinces d’Inde où les centrales solaires se multiplient le plus, les salaires peuvent descendre jusqu’à 285 roupies (3,2 dollars) par jour.
Les syndicats du secteur du charbon mettent en garde contre la baisse de la sécurité de l’emploi
L’étude sur le secteur minier a révélé que, selon les syndicats, environ 300.000 travailleurs permanents et 500.000 travailleurs sous-traitants y sont actuellement employés. En outre, plus de 1,4 million de personnes dépendent de cette industrie pour leur subsistance. Les syndicats du secteur du charbon ont exprimé leur inquiétude face à la diminution du nombre de travailleurs permanents, le recrutement pour ces postes ayant été gelé, ce qui affaiblit l’influence des syndicats dans le secteur. Dans le même temps, le recours à des travailleurs en sous-traitance est en augmentation, ce qui conduit à une érosion complète du régime de travail décent. La privatisation croissante, ainsi que l’externalisation de tâches telles que le développement des mines, l’exploitation et la location d’équipements, ont encore affaibli les droits et les avantages des travailleurs et travailleuses.
L’étude souligne que, compte tenu des engagements de l’Inde en matière de zéro émission nette, plusieurs mines du secteur public ont été fermées ou abandonnées et que des fermetures non-planifiées de mines ont mis à mal les droits des travailleurs et travailleuses et ceux des communautés qui dépendent des mines. Les dirigeants syndicaux ont souligné plusieurs préoccupations lors de la réunion, notamment les redéploiements brusques vers des mines ou des lieux de travail éloignés, l’absence de consultation des syndicats sur la transition et l’absence de reconversion des travailleurs et travailleuses vers de futurs emplois.
Dans leur débat sur l’impact négatif et disproportionné de la transition sur les femmes travailleuses et les personnes dépendant d’elles, les syndicalistes ont souligné l’importance d’intégrer les besoins des femmes dans les processus de transition. Ils ont insisté sur la nécessité de garantir l’accès à des emplois de qualité, à des postes décisionnels, à des possibilités de formation et aux infrastructures sociales, sur la base de données ventilées par sexe et d’actions visant à éliminer les obstacles structurels et à faciliter la transition.
Sharan KC, de l’APHEDA, Jacquie MacLeod, de la CSI, et le Dr S.M.F. Pasha, de la CSI-AP, ont donné des exemples provenant d’autres régions du monde, comme l’Indonésie, l’Espagne, le Brésil, l’Allemagne et l’Afrique du Sud. Dans ces pays, les syndicats travaillent ensemble et, grâce à un plaidoyer intensif, ont pu engager un dialogue avec les gouvernements sur la question de la transition juste et garantir la protection des droits des travailleurs et travailleuses.
Plans d’action pour favoriser le changement
Lors des deux réunions, les participants ont élaboré des plans d’action pour promouvoir la transition juste. Parmi les principales mesures figurent les suivantes
- Sensibiliser les membres des syndicats à cette question
- Revendiquer au sein de Coal India Limited, qui a mis en place un comité sur la transition juste, que les travailleurs et travailleuses aient leur place à la table des négociations
- Élaborer des stratégies régionales et mondiales et renforcer la coopération Sud-Sud afin de garantir un avenir équitable et durable aux mineurs et à leurs familles
- Promouvoir le développement des compétences et la reconversion professionnelle
- Promouvoir le travail décent et un salaire vital pour les travailleurs en sous-traitance
- Organiser des ateliers de renforcement des capacités pour les membres syndicaux
- Cibler et recruter syndicalement la main-d’œuvre dans les principales entreprises du secteur des énergies renouvelables
- Mener des campagnes pour l’augmentation des salaires et l’amélioration de la santé et de la sécurité au travail, en particulier dans le secteur de l’énergie solaire
Ashutosh Bhattacharya, Secrétaire régional d’IndustriALL pour l’Asie du Sud, a déclaré :
“IndustriALL soutient les revendications des syndicats en faveur d’une transition juste et d’un dialogue social en Inde qui protègent les emplois et les intérêts des travailleurs et travailleuses. En Inde, les débats sur la transition juste sont dominés par des politiques très hiérarchisées et, dans ces études, nous avons tenté d’inverser cette logique en plaçant leurs préoccupations, leurs idées et leurs aspirations au cœur du débat sur la transition. IndustriALL reste déterminé à renforcer le rôle des syndicats et à collaborer avec toutes les parties prenantes pour façonner des processus de transition juste, en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte. Ces études constituent un pas dans cette direction.”