7 août, 2025Après d'intenses négociations et la menace d'une action collective, le Syndicat des travailleurs du pétrole du Kenya (KPOWU), affilié à IndustriALL Global Union, a réalisé avec la Kenya Pipeline Company Limited (KPC) une percée qui augure bien de la négociation collective pour la période 2025-2029.
L'accord fait suite à un préavis de grève de sept jours lancé le 24 juillet par le syndicat, qui invoque des conflits de longue date à propos des droits des travailleurs, des primes de rendement et du sort des salariés de la Kenya Petroleum Refineries Limited (KPRL) qui sera bientôt dissoute. Il met aussi le doigt sur des questions pressantes concernant la fermeture de KPRL et l'avenir des infrastructures pétrolières du Kenya.
Le KPOWU, qui représente les personnels de KPC et KPRL, avait émis une série de revendications très préoccupantes. Il s'agissait notamment du transfert en bonne et due forme des travailleurs de KPRL vers KPC avec maintien de leurs conditions et prestations, la suppression de primes de rendement discriminatoires, la protection des responsables syndicaux contre l'intimidation et la prise en compte d'urgence d'anciennes revendications, certaines remontant à 2016, à propos des heures supplémentaires, des primes d'astreinte et des repas.
Le syndicat avait aussi mis en avant des problèmes de corruption au dépôt de KPC à Eldoret et réclamait de la redevabilité et de la transparence dans l'entreprise.
Les négociations, dont la médiation était confiée au secrétaire du cabinet à l'énergie et au pétrole Opiyo Wandayi, a permis des concessions substantielles de KPC, notamment :
- La suspension des modifications au système de rotation des postes en attente de l'issue des négociations
- L'uniformisation des primes de rendement et le réexamen du système d'évaluation
- Le traitement immédiat des réclamations en attente avec une plateforme en ligne ouverte 24/7 et les paiements effectués pour le 31 août
- L'intégration des travailleurs de KPRL dans KPC aux conditions de 2016 avec effet rétroactif
- Un engagement de pratiquer des promotions au mérite
- La suspension de la privatisation de KPC en attente d'une nouvelle consultation
Il s'agit là d'une grande victoire pour le KPOWU dans son long combat pour l'équité et la justice dans l'industrie pétrolière et gazière du Kenya.
"Cet accord ouvre la voie à la fin d'une grave injustice pour les travailleurs,"
a déclaré George Okoth, le secrétaire général du KPOWU.
La secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin, s'est félicitée de ce résultat et a exprimé sa solidarité avec le syndicat :
"Nous appuyons les revendications du KPOWU pour de meilleures conditions de travail et la défense des droits des travailleurs,"
a-t-elle déclaré en invitant KPC à continuer à négocier de bonne foi.
KPC est une entreprise d'État dépendant du ministère de l'Énergie. Elle joue un rôle essentiel dans la logistique pétrolière du Kenya en transportant et stockant le carburant dans un réseau d'oléoducs reliant la ville portuaire de Mombasa aux grandes villes de l'intérieur telles que Nairobi, Nakuru, Kisumu et Eldoret.
Son rachat de KPRL en 2023 était censé renforcer la capacité de stockage et de distribution du Kenya. Avec l'arrêt progressif des activités de KPRL, l'intégration de son personnel dans KPC représente non seulement une victoire syndicale mais aussi une garantie de maintien de la stabilité de la chaîne d'approvisionnement en énergie du pays.