14 août, 2025Lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui à Izmir, TEKSİF, affilié d’IndustriALL, a présenté des témoignages détaillés et des preuves de ce qu’il qualifie de harcèlement, de discrimination et d’abus systématiques chez Digel Textile, un fabricant allemand de vêtements pour hommes situé dans la zone franche d’Izmir.
La rencontre présentait une affiche frappante détaillant les abus auxquels les travailleurs et travailleuses sont confrontés quotidiennement : “Harcèlement moral, violence psychologique, bizutage, pression, intimidation, harcèlement au travail, harcèlement sexuel, licenciement abusif, discrimination, insultes, pratiques sur le lieu de travail contraires à la dignité humaine et à la dignité des femmes”. Selon TEKSİF, affilié d’IndustriALL, ces expressions reflètent les expériences réelles et permanentes rapportées par des centaines de travailleurs et travailleuses de Digel, en particulier des femmes, sur une période de plusieurs années.
Ces révélations, basées sur des dizaines de témoignages de travailleurs et travailleuses, pour la plupart des femmes, sont décrites par TEKSİF comme révélatrices d’une image inquiétante de la vie à l’intérieur de l’usine. Le rapport récemment publié par le syndicat détaille les allégations de harcèlement moral, de violence psychologique, de harcèlement sexuel, de licenciements abusifs et de discrimination fondée sur le genre qui, selon lui, se sont intensifiées depuis que les travailleurs et travailleuses se sont syndiqués en janvier 2025.
La conférence de presse a souligné que le 17 janvier 2025, après que les travailleurs et travailleuses aient protesté contre les bas salaires et les conditions de travail dégradantes, Digel a licencié quatre membres dirigeants du syndicat sans indemnité de licenciement le jour même où ils ont rejoint TEKSİF et obtenu la reconnaissance officielle du ministère du Travail. D’autres licenciements ont suivi les 6 février et 13 juin, portant à 15 le nombre total de membres licenciés pendant le processus de syndicalisation.
Le rapport fait état de cas inquiétants, notamment :
- Des dirigeants auraient dit à des femmes “de ne pas tomber enceintes”, exigé des échographies pour “prouver” leur grossesse et même fait des commentaires dégradants sur le corps des femmes.
- Des femmes se seraient vu refuser l’accès aux toilettes pendant leurs règles ou auraient été humiliées publiquement pour avoir demandé des pauses.
- Le harcèlement sexuel par des responsables et des collègues, aurait été ignoré, voire perpétré, par les superviseurs.
- Des actes de harcèlement moral et des insultes verbales visant les femmes qui auraient résisté à l’intimidation.
TEKSİF a souligné que ces témoignages portent sur environ sept ans et ne constituent pas des incidents isolés, mais reflètent une culture persistante sur le lieu de travail où les femmes sont victimes de violence, de discrimination et d’humiliation fondées sur le sexe. Le syndicat a déclaré que les plaintes sont souvent restées sans suite et que, dans certains cas, les auteurs ont été récompensés plutôt que sanctionnés.
Depuis janvier, Digel a licencié sans indemnité 15 membres du syndicat, dans le cadre de ce que TEKSİF qualifie de campagne délibérée visant à briser le syndicat. Bon nombre des personnes visées étaient des figures de proue de la lutte pour des salaires décents, la sécurité et la dignité au travail.
Les travailleurs et travailleuses de Digel ont fait la une des journaux en janvier lorsqu’ils ont organisé une manifestation dans l’usine pour protester contre les salaires de misère et les conditions de travail dégradantes. Le même jour, ils ont adhéré à TEKSİF et obtenu la reconnaissance officielle du ministère du Travail. Au lieu de respecter les droits des travailleurs, la direction avait lancé une vague de licenciements en représailles et intensifié le harcèlement.
Depuis près de 210 jours, les travailleurs et travailleuses licenciés manifestent avec détermination devant les portes de l’usine, dans ce que le TEKSİF décrit comme une lutte pour la réintégration et, plus largement, pour des lieux de travail sûrs, équitables et exempts de harcèlement.
Kemal Özkan, Secrétaire général adjoint d’IndustriALL, a déclaré :
“Le comportement de Digel Textile est une violation honteuse des droits des travailleurs et de la dignité humaine. Nous soutenons pleinement la lutte de TEKSİF pour mettre fin aux abus, réintégrer les travailleurs et travailleuses licenciés et garantir un lieu de travail où tant les femmes que les hommes sont traités avec respect.”