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Pas de place pour les entreprises responsables au Myanmar : rapport

16 septembre, 2022Un rapport indépendant très attendu confirme la position d'IndustriALL Global Union pour qui il est impossible d'avoir des activités commerciales responsables au Myanmar. IndustriALL a écrit une fois de plus aux marques qui se fournissent dans ce pays pour les exhorter à négocier un départ responsable.

Ce rapport, commandé par Ethical Trading Initiative (ETI), conclut à l'impossibilité pour les marques de respecter leur devoir de diligence au Myanmar et de suivre les critères d'activité responsable mondialement reconnus. ETI est un organisme multipartenarial composé d'organisations syndicales, d'ONG et d'entreprises. Ses membres sont notamment H&M, Inditex, Primark, Lidl et New Look, des entreprises qui continuent de produire au Myanmar en dépit des nombreuses démarches de syndicats locaux et d'IndustriALL les appelant à désinvestir.

Le rapport souligne que le régime militaire se rend coupable de crimes contre l'humanité et multiplie les violations des droits de l'homme, comme le travail forcé, le travail des enfants, la violence fondée sur le genre et les crimes de guerre. Dans les deux semaines qui ont suivi le coup d'État de février 2021, le régime militaire a changé la loi pour suspendre les droits de l'homme et poursuivre et emprisonner les dissidents. 

Dans ces conditions, impossible pour les grandes marques mondiales de s'acquitter de leur devoir de diligence. La liberté d'association est inexistante et les syndicats et autres organisations de travailleurs ne peuvent fonctionner, même au seul niveau de l'entreprise, tandis que le régime militaire met tout en œuvre pour démanteler le mouvement syndical et les autres structures démocratiques. Les syndicats sont interdits et 301 dirigeants syndicaux ont été arrêtés, 55 ont été tués et 27 membres de comités exécutifs de syndicats sont sous le coup de mandats d'arrestation.

Le travail forcé est généralisé, notamment par l'obligation de faire des heures supplémentaires non rémunérées, ce qui oblige les travailleurs à rentrer chez eux après le couvre-feu, se mettant ainsi en danger face à l'armée, la police et les gangs criminels. Une femme au moins a été violée en rentrant du travail. La situation se dégrade encore avec la propagation du travail précaire et l'effondrement des salaires par lequel, même ceux qui ont un emploi à temps plein ne peuvent plus subvenir à leurs besoins.

Il n'existe aucune voie de recours parce que les activités de l'OIT, d'autres institutions des Nations unies et organisations internationales ont été fortement restreintes. Beaucoup d'organisations, comme l'Initiative ACT, ont cessé leurs activités au Myanmar et des gouvernements occidentaux ont limité les leurs. Les grandes marques internationales n'ont pas de prise sur le régime militaire.

La corruption est générale, les travailleurs devant soudoyer les fonctionnaires pour obtenir un emploi et, dans certains cas, des employeurs ont payé les forces de sécurité pour qu'elles interviennent dans des conflits du travail et intimident les travailleurs. Les sommes versées sont alors déduites des salaires.

La junte militaire étend sa mainmise sur l'économie, et pénètre de plus en plus de secteurs, l'industrie du textile et de l'habillement ne pouvant plus se dissocier du reste de l'économie. Les infrastructures de transport et de logistique en particulier sont contrôlées par les militaires, sans cesse plus impliqués dans l'immobilier, la banque et les entreprises de service public.
Les marques qui continuent de se fournir au Myanmar le feront en violation des instruments internationaux sur le devoir de diligence; elles enfreindraient aussi des lois telles que la législation allemande sur le devoir de diligence et la législation européenne sur le travail forcé, et pourraient aussi enfreindre les sanctions. Selon le rapport, elles risquent de ternir leur réputation, mais aussi des conséquences financières et légales.

L'économie du Myanmar est déjà en récession à cause de la guerre que les militaires livrent à leur population. Le départ des marques internationales causera d'autres pertes d'emplois, et il faut qu'elles négocient une sortie responsable du pays, notamment en indemnisant leurs travailleurs.

Le secrétaire général d'IndustriALL, Atle Høie, a déclaré :

“Nous avons été très patients et nous avons attendu que ce rapport confirme ce que nous affirmons depuis un an déjà. Les excuses ne sont plus de mise : le rapport montre à suffisance qu'il est impossible d'avoir des activités commerciales responsables au Myanmar. Les marques qui ont encore des activités dans le pays doivent entamer immédiatement des négociations en vue d'une sortie responsable.”