10 octobre, 2025Une journée d’action organisée en septembre à Bruxelles, a mis en évidence la nécessité urgente de renforcer de la part de l’UE la diligence raisonnable et la protection des droits du travail dans l’industrie textile. À travers des débats, des réunions de haut niveau et une manifestation publique, les syndicats et leurs alliés ont appelé l’Europe à garantir une véritable durabilité pour les travailleurs et travailleuses tout au long des chaînes d’approvisionnement mondiales.
IndustriALL Global Union et industriAll Europe, en collaboration avec des membres du Parlement européen et des syndicalistes de Turquie, du Cambodge et d’Indonésie, sont passés une journée à Bruxelles pour souligner l’urgence de renforcer la législation européenne en matière de diligence raisonnable destinée à protéger les travailleurs et travailleuses du textile dans le monde entier. Les événements de la journée, qui comprenaient des débats, des réunions de haut niveau et une mobilisation publique, ont mis en avant un message clé : l’Europe doit tenir ses promesses s’agissant de garantir des conditions de travail équitables, sûres et durables dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Christina Hajagos Clausen, Directrice de la section du textile et de la confection pour IndustriALL, a déclaré :
“Derrière chaque t-shirt fabriqué pour les consommateurs européens se cachent des travailleurs et travailleuses qui luttent pour leurs droits les plus fondamentaux. Notre message aux dirigeants de l’UE est simple : les mesures volontaires ne suffisent pas. Nous avons besoin d’accords juridiquement contraignants qui rendent les enseignes responsables des personnes qui leur permettent de réaliser leurs profits. L’Europe a à la fois le pouvoir et le devoir de veiller à ce que la durabilité commence par le respect des droits des travailleurs et travailleuses.”
La journée a débuté par un petit-déjeuner débat au Parlement européen, organisé conjointement par IndustriALL Europe et la députée européenne Saskia Bricmont, Coprésidente du groupe de travail du Parlement sur le textile durable. Les participants ont discuté des défis auxquels sont confrontés les travailleurs et travailleuses du textile dans des pays tels que l’Indonésie, le Cambodge et la Turquie, où les violations des droits du travail restent monnaie courante.

Les intervenants ont souligné l’urgence de mettre en place des obligations de diligence raisonnable strictes pour les entreprises européennes, en particulier à la lumière des négociations en cours autour de la directive sur la diligence raisonnable en matière de durabilité des entreprises (CSDDD). Le débat a été une occasion importante de discuter directement avec les députés européens, le personnel parlementaire et les fonctionnaires de la Commission européenne de la nécessité de protéger les droits des travailleurs et travailleuses tout au long des chaînes d’approvisionnement textiles.
Réunions avec le Service européen pour l’action extérieure (SEAE)
Plus tard dans la matinée, des syndicalistes de Turquie, du Cambodge et d’Indonésie ont rencontré des fonctionnaires du Service européen pour l’action extérieure afin de discuter des droits du travail en Turquie, au Cambodge et en Indonésie.
Lors des discussions avec Gabriel Munuera-Vinals, de la division Turquie, la délégation a évoqué les conditions difficiles auxquelles sont confrontés les travailleurs et travailleuses du textile et les réfugiés, soulignant que la durabilité ne peut être atteinte sans la liberté syndicale et la protection des droits fondamentaux du travail.
Les discussions avec Leila Fernandez-Stembridge, responsable de la division d’Asie du Sud-Est, ont porté sur les développements régionaux et la coopération en matière de droits du travail. IndustriAll Europe a mis en avant l’accord TAFTAC juridiquement contraignant au Cambodge, un accord historique entre les syndicats et les employeurs soutenu par 12 grandes enseignes, comme un exemple positif de dialogue social. La délégation a également attiré l’attention sur la nouvelle loi du travail d’Indonésie et son impact sur les travailleurs et travailleuses du textile et les syndicats.
Implication auprès de la Commission européenne
Dans l’après-midi, la délégation d’industriALL Global Union et d’industriAll Europe a rencontré deux unités clés de la Direction générale du marché intérieur, de l’industrie, de l’entrepreneuriat et des PME (DG GROW) de la Commission européenne.
L’unité G1, chargée de la conduite des entreprises, a discuté de la prochaine réglementation européenne sur le travail forcé et des efforts de la Commission pour la mettre en œuvre. IndustriAll Europe a réaffirmé que le secteur textile reste particulièrement exposé aux violations des droits du travail et a exprimé sa volonté de contribuer au groupe d’experts chargé de superviser les nouvelles règles.
Par ailleurs, l’unité F3 a présenté la stratégie européenne pour un textile durable et les échanges ont porté sur les réalités de la vie des travailleurs et travailleuses du textile, notamment le besoin urgent de salaire vital au Cambodge et en Indonésie.
Manifestation en soirée : solidarité
La journée s’est terminée par une manifestation organisée en soirée par la Confédération européenne des syndicats (CES), qui a réuni des syndicats, des parlementaires et des ONG. La mobilisation a appelé les décideurs politiques de l’UE à rejeter la proposition de déréglementation dite “Omnibus” et à renforcer, plutôt qu’à affaiblir, la durabilité et la protection des travailleurs.
Judith Kirton-Darling, Secrétaire générale d’industriAll Europe, a déclaré :
“Les travailleurs et travailleuses du textile du monde entier comptent sur l’Europe pour défendre l’équité, la dignité et la justice. L’Europe doit adopter des lois qui protègent véritablement les travailleurs et les travailleuses tout au long des chaînes d’approvisionnement, et non créer des failles qui permettent à l’exploitation de se poursuivre. Une diligence raisonnable faible n’est pas une option envisageable ; seules des règles fortes et contraignantes peuvent garantir que l’action européenne profite aux personnes et non aux multinationales.
Notre journée d’action à Bruxelles témoigne d’un mouvement uni, déterminé à résister à la déréglementation et à revendiquer un cadre ambitieux de diligence raisonnable qui respecte pleinement les droits des travailleurs et travailleuses.”