21 juillet, 2025Par un jugement rendu le 11 juillet à la satisfaction des syndicats, le Tribunal de l'emploi et des relations de travail de Mombasa a interdit à l'entreprise industrielle Springtech Kenya Limited de résilier les contrats de travailleurs parce qu'ils s'étaient syndiqués.
Cette décision provient du licenciement de six travailleurs et de la suspension d'onze autres à l'usine de Mombasa de l'entreprise, des mesures que le tribunal a jugées illégales et contraires à la législation du travail et à la constitution qui garantit la liberté d'association.
Le conflit a éclaté avec l'adhésion de six travailleurs au Syndicat fusionné des travailleurs de la métallurgie du Kenya (AUKMW), affilié à IndustriALL. Ces licenciements se sont faits subrepticement, ce qui a incité onze collègues à organiser une occupation des locaux pour réclamer des explications. Plutôt que de répondre favorablement, la direction a accusé ces travailleurs de "causer des troubles", les a suspendus et signalés à la police. L'AUKMW a réagi par un recours d'urgence devant la justice, contestant les licenciements et les suspensions, taxés de manœuvres antisyndicales illégales.
Le tribunal de Mombasa a statué en faveur du syndicat, dans une injonction disant que "aucune cessation de relation d'emploi ne sera autorisée" chez Springtech dans l'attente d'un examen juridique approfondi. Cette décision est conforme à celle du ministère public qui a refusé de poursuivre les onze travailleurs suspendus. Citant un précédent, le procureur a jugé qu'un "trouble" doit manifestement menacer la paix publique pour justifier une inculpation. Or, l'occupation pacifique des travailleurs n'a constitué aucune infraction ni perturbé les activités des citoyens.
La secrétaire régionale d'IndustriALL pour l'Afrique subsaharienne, Paule France Ndessomin, a déclaré :
"L'affaire Amalgamated contre Springtech Kenya Limited est le symptôme de tensions plus généralisées dans le secteur industriel du Kenya où des entreprises s'opposent souvent à la syndicalisation pour pouvoir payer des salaires inférieurs et violer les droits des travailleurs à la négociation collective, et nous félicitons l'AUKMW pour sa détermination à défendre les droits des travailleurs."
La vice-présidente d'IndustriALL et secrétaire générale de l'AUKMW, Rose Omamo, a qualifié les licenciements de "cas flagrant d'intimidation et de harcèlement" visant à dissuader les travailleurs de se syndiquer. "Cela viole les droits des travailleurs à la liberté syndicale au sens du droit kényan", a-t-elle ajouté, promettant d'autres actions en justice pour protéger les adhérents.
L'Indice CSI des droits dans le monde (2025) considère le Kenya comme un des pays d'Afrique où les droits des travailleurs sont systématiquement violés (classement 4), ce qui veut dire que "Les pouvoirs publics et/ou les entreprises s'efforcent vigoureusement de faire taire la voix collective de la main-d’œuvre, menaçant constamment les droits fondamentaux." Ce classement n'est pas éloigné de la pire catégorie, 5+, dans laquelle "Les droits ne sont pas garantis du fait de l'effondrement de l'état de droit."
Springtech fabrique des ressorts à lames, des boulons, des plaquettes et garnitures de freins, ainsi que des pièces pour remorques et autres accessoires pour l'industrie automobile.