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L'enquête sur Pike River dévoile de troublants problèmes de sécurité

26 septembre, 2011

La seconde phase des travaux de la Commission royale d'enquête sur la meurtrière catastrophe minière survenue à Pike River, en Nouvelle-Zélande, en novembre 2010, s'est achevée à Greymouth vendredi 23 septembre. Elle a fait de graves révélations sur l'ineptie de l'intervention de la police après la tragédie, sur le laxisme des plans et interventions d'urgence de Pike River Coal Ltd. et sur des décisions mal avisées qui n'ont toujours pas permis de récupérer les corps des 29 mineurs décédés.

L'explosion survenue le 19 novembre à Pike River Coal Ltd. – et les cinq coups de grisou des jours suivants – est la pire catastrophe minière qu'ait connue la Nouvelle-Zélande en un siècle et les auditions de la Commission royale mettent en lumière des négligences graves qui n'ont pas lieu d'être dans l'industrie minière moderne. Ce deuxième cycle d'auditions de trois semaines, qui a débuté le 5 septembre, sera suivi d'un troisième en novembre.

Les trois membres de la Commission ont entendu des témoignages sur les carences en matière de rapidité et d'information qui ont entaché les opérations de sauvetage menées sous la supervision des polices locale et nationale. Ils ont aussi entendu le sentiment d'impuissance d'un expert du Syndicat australien de la construction, la sylviculture, la mine et l'énergie (CFMEU) de la Queensland Mines Rescue Team, arrivée à Pike River dans les jours qui ont suivi la catastrophe pour se voir mise à l'écart du circuit de surveillance.

Timothy Whyte, inspecteur-en-chef de la sécurité au CFMEU, a expliqué avoir vu, le 30 novembre, des sous-traitants installer, malgré un panneau d'avertissement, un écran de polyuréthane inflammable autour d'une machine GAG utilisée pour extraire des gaz mortels de la mine. Le polyuréthane a pris feu. Il n'a fallu qu'une heure pour l'éteindre, explique Timothy Whyte, parce qu'un matériel adéquat était à proximité, mais l'équipe d'intervention a perdu un temps précieux pour sécuriser la mine.

Dans une autre déposition, la Commission a entendu le directeur général de la New Zealand Mines Rescue dire que la direction hors site par la police nationale, à Wellington, s'est traduite par une "paralysie opérationnelle". Un des membres de la Commission, Stewart Bell, commissaire à la sécurité des mines en Australie, a demandé à un commissaire en chef de la police : "Combien de temps a été perdu pour expliquer à des policiers comment une mine fonctionne alors que vous auriez pu trouver immédiatement sur place des gens qui savaient parfaitement ce qu'il fallait faire ?"

La New Zealand Mines Rescue a elle aussi été mise sur la touche. Son directeur général a déclaré que, le 21 novembre, il avait conseillé à la police et au ministère du Travail d'isoler immédiatement la mine pour éviter l'admission d'air. Ils ont rejeté sa requête et, dans les jours qui ont suivi, cinq autres explosions se sont produites. En isolant la mine, on aurait pu récupérer les corps plus tôt.

Timothy Whyte avait déclaré auparavant qu'il avait été stupéfait de voir installé à un point d'entrée un grand ventilateur injectant de l'air frais dans le puits dans les premières heures de l'intervention.

11 des 29 victimes étaient membres du Syndicat de l'ingénierie, de l'imprimerie et des industries manufacturières (EPMU) affilié à l'ICEM. L'avocat du syndicat a interrogé les témoins sur les pratiques en matière de sécurité chez Pike River Coal Ltd. Il a pu constater que l'entreprise n'avait pas fourni suffisamment d'engins de percement pour pouvoir évacuer mécaniquement les mineurs en cas d'urgence. Un opérateur de salle de contrôle, qui a perdu son frère dans la catastrophe et qui était chargé des lignes téléphoniques intérieures et extérieures au moment de l'explosion, a témoigné que les lignes téléphoniques avec l'intérieur de la mine fonctionnaient parfois, mais parfois pas.

Un responsable de la sécurité et de la formation à Pike River Coal Ltd., qui a perdu un fils dans l'explosion, a admis avoir été toujours préoccupé par le fait qu'un long puits de ventilation servait aussi d'issue de secours secondaire imposée par la loi. Il a été révélé que remonter l'échelle du puits jusqu'à la surface pouvait prendre jusqu'à 45 minutes alors que Pike River n'avait prévu qu'une réserve d'oxygène de 30 minutes pour ceux qui pouvaient s'échapper.

Pendant la dernière semaine de l'enquête, c’est-à-dire la semaine dernière, les membres de la Commission ont entendu les dépositions de sept membres des familles des victimes qui ont parlé de l'inefficacité de la communication et de l'encadrement des autorités. La troisième phase de l'enquête, en novembre, portera sur les causes de la catastrophe.