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RDC : syndiquer dans la chaîne de valeur des minéraux de transition

7 mars, 2024Le gouvernement République démocratique du Congo (RDC) affirme que ce vaste pays d’Afrique centrale est axé sur la recherche de solutions au changement climatique en raison de ses immenses ressources minérales essentielles. Les syndicats, quant à eux, affirment que les conditions de vie et de travail des centaines de milliers de mineurs qui extraient les minerais doivent s’améliorer.

Les minéraux critiques sont demandés pour la transition vers les énergies renouvelables et sont utilisés dans la fabrication de batteries pour les véhicules électriques, de pièces de véhicules et de smartphones.

La RDC possède d’importants gisements de cuivre, de cobalt, d’étain, de tantale et de lithium, entre autres.

Selon le ministère congolais des mines, le pays compte 61 sites d’extraction de cobalt en activité, dont 76 % sont exploités par des entreprises chinoises et 10 % par le négociant suisse en matières premières Glencore. Les autres sociétés minières présentes dans le pays sont australiennes, kazakhes et indiennes. La société GECAMINES, détenue par l’État, exploite également des mines de cobalt.

Une étude réalisée en 2023 par l’organisation non gouvernementale basée au Royaume-Uni RAID, qui dénonce les violations des droits de l’homme et des droits des travailleurs commises par les entreprises, et par le Centre d’Aide Juridico-Judiciaire (CAJJ), un organisme d’aide juridique basé à Kolwezi, a calculé que le salaire de subsistance s’élevait à 480 dollars, un montant que ne versent pas la plupart des sociétés minières, bien qu’elles aient déclaré d’énormes bénéfices à leurs actionnaires.

La plupart des travailleurs mal payés étaient employés par des sous-traitants dans des conditions de travail précaires, avec de faibles rémunérations, sans sécurité d’emploi en raison de contrats à court terme, et se voyaient également refuser des avantages sociaux. Les compagnies minières ont également violé les droits des travailleurs en matière de santé et de sécurité.

Pour améliorer les conditions de travail, les affiliés d’IndustriALL en RDC, Organisation des Travailleurs Unis du Congo (OTUC), Secrétariat des Syndicats IndustriALL de la CDT (CDT), Travailleurs Unis des Mines, Métallurgies, Énergie, Chimie et Industries Connexes (TUMEC), Confédération des Syndicats du Congo (CSC) et Union Nationale des Travailleurs du Congo (UNTC), qui comptent des membres dans les secteurs des mines et de l’énergie, se sont réunis à Kinshasa à la mi-février pour élaborer une stratégie de syndicalisation tout au long de la chaîne de valeur critique des minéraux de transition.

La réunion, organisée avec le soutien de la FES RDC et du Centre de compétence syndicale de la FES pour l’Afrique subsaharienne, a discuté de la manière dont les syndicats peuvent mieux recruter au sein de la chaîne de valeur et ne pas galvauder les opportunités de syndicalisation. Il est important de noter que l’unité des syndicats demeure l’une des questions clés de la syndicalisation.

La rencontre a débouché sur un plan prévoyant la mise sur pied de réunions permettant de traiter avec les multinationales où les conditions de travail sont mauvaises. L’une de ces entreprises est Glencore.

Les enquêtes précédentes menées par IndustriALL dans les mines de Glencore ont révélé le non-respect des réglementations en matière de santé et de sécurité, ainsi que les difficultés rencontrées par les syndicats en matière de négociation collective et de recrutement syndical en raison de la répression exercée par la direction à l’encontre des syndicats.

Les syndicats ont indiqué qu’ils voulaient promouvoir la formalisation de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle pour y permettre la syndicalisation. Des rapports indiquent que plus de 200.000 mineurs artisanaux en RDC exploitent le cobalt et que s’ils pouvaient être syndiqués, cela augmentera les effectifs des syndicats.

Les syndicats ont souligné les défis auxquels ils étaient confrontés, comme le blocage des activités syndicales par certains inspecteurs du travail, l’incapacité du gouvernement à impliquer les syndicats dans la question des minerais critiques et les difficultés d’accès à certaines mines éloignées. Il est également difficile pour les syndicats d’impliquer les mineurs artisanaux dans les questions de santé et de sécurité, car certains d’entre eux n’ont pas un emploi formel. Les syndicats ont exprimé leur inquiétude quant à la violence et au harcèlement fondés sur le genre, qui sont endémiques dans les mines.

Glen Mpufane, Directeur pour l’industrie minière auprès d’IndustriALL, a déclaré :

“La RDC est un pays producteur de minerais important et les entreprises multinationales sont au centre de la campagne d’IndustriALL pour améliorer les conditions de travail dans les mines. Les syndicats doivent s’engager sur la diligence raisonnable en matière de droits de l’homme, le changement climatique et les discussions sur la transition juste, car il s’agit là de sujets importants dont la maîtrise serait bénéfique pour les travailleurs du secteur minier en RDC”.

Illustration : Shutterstock